20 pays d’Afrique subsaharienne ne traitent toujours pas les femmes en tant que citoyennes égales
Published: 15/Fév/2016
Source: CRAI blog
Par Flavia Mwangovya, Equality Now, Membre de la Coalition sur la Droit à la Nationalité et l’Apatridie en Afrique
Chacun a le droit de naître avec une nationalité – sûr, sans crainte et libre – et d’avoir la garantie de leur fondamental de la transférer, de l’acquérir, la changer ou la conserver. Il n’y a aucune raison pour que plus de 50 pays à travers le monde, dont 20 en Afrique subsaharienne, maintiennent toujours des lois sexistes sur la nationalité, qui sont en grande partie discriminatoires à l’égard des femmes, les mettant potentiellement en danger et leur privant des droits, avantages et services dont tout le monde devrait jouir.
Un nouveau rapport mondial d’Equality Now exige que ces lois, qui discriminent sur la base du sexe, soient révisées d’urgence conformément aux obligations juridiques internationales. Bien que les gouvernements du monde entier aient pris des engagements à maintes reprises pour abroger de telles lois discriminatoires, beaucoup n’ont pas encore respecté leurs promesses.
Malgré la réticence de nombreux a le faire, , le dynamisme se rassemble au niveau mondial pour corriger les lois sexistes sur la nationalité. Cela inclut un objectif dans l’agenda durable post-2015 pour éliminer les lois discriminatoires, adoptées par l’ONU, et la mise en place de la Campagne mondiale pour l’égalité des droits en matière de nationalité, une coalition avec un comité directeur composé du HCR, Women’s Refugee Commission, Equal Rights Trust, the Institute on Statelessness and Inclusion et Equality Now.
Au niveau régional, nous espérons que la Commission de l’Union Africaine facilitera l’adoption d’un protocole à la Charte Africaine visant à traiter en particulier les questions liées à l’apatridie – et l’égalité du droit à la nationalité à tous les Africains.
Au niveau national, un certain nombre de pays ont soit supprimé, soit pris des mesures pour traiter des dispositions discriminatoires de leur législation sur la nationalité ces dernières années. Sur le continent africain, le Sénégal et le Niger ont respectivement réformé leurs lois en 2013 et 2014 afin que les femmes puissent dorénavant transmettre leur nationalité à leur conjoint et à leurs enfants étrangers au même pied d’égalité que les hommes. Nous espérons que cela aura un impact sur les pays voisins. D’autres, comme le Togo, ont indiqué que des changements pourraient se produire très prochainement, et nous espérons que tous les pays qui ont des lois discriminatoires vont accélérer le rythme de la réforme en 2016.
Les lois sexistes sur la nationalité renforcent les stéréotypes négatifs sur le genre. Une fois mariée, une femme perd son identité indépendante si elle perd sa nationalité d’origine; un enfant «appartient» à un père plutôt qu’à une mère si seul le père peut transmettre à l’enfant la nationalité. D’autres conséquences négatives pour les femmes et leurs familles incluent le manque d’accès à l’éducation, aux services sociaux et médicaux et même accroissent le risque de mariage précoce.
Perdre sa nationalité d’origine peut rendre une femme particulièrement vulnérable, si son mariage se termine en raison du divorce ou de la mort de son mari – en particulier si ses enfants ont la nationalité de leur père. Même si une femme peut réclamer ultérieurement sa nationalité, les retards et d’autres obstacles dans la reprise de la nationalité peuvent causer un traumatisme considérable, une anxiété et d’autres difficultés.
Engagés à maintes reprises à mener ces reformes, tous les gouvernements devraient immédiatement transformer les mots en actes et finalement donner la priorité à la modification de toutes les lois sexistes sur la nationalité. Cela les aidera à respecter leurs obligations juridiques internationales, ainsi que leurs propres obligations nationales en matière d’accès égal aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.
La législation nationale devrait être révisée afin que les femmes et les hommes puissent en toute égalité étendre la nationalité entre eux et à leurs enfants, que leurs enfants soient nés dans ou hors mariage, dans leur pays ou à l’étranger. Elle devrait également être révisée afin que les femmes et les hommes puissent acquérir, garder ou changer leur propre nationalité de la même manière.
Cela enverra un signal clair que tout le monde est traité de manière égale, dans une société plus juste, où tout le monde peut atteindre son plein potentiel. Faire en sorte que ces lois fonctionnent pour les femmes et les filles signifie une société plus sûre et plus prospère. Les lois sur la nationalité peuvent être inutilement complexes, mais l’élimination de la discrimination entre les hommes et les femmes n’est pas un concept compliqué – et en travaillant ensemble, cela peut être réalisé en très peu de temps, si les gouvernements se préoccupent vraiment des filles et des femmes.
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