Cote d’Ivoire: Hier, Il Réclamait des CNL, aujourd’hui, des emplois – Soro déchire les thèses de la rébellion

Published: 25/Dec/2007
Source: 24 Heures (Cote d'Ivoire)

Etre Premier ministre, ça vous change les idées. Et c’est un Guillaume complètement reformaté qu’il est désormais donné d’entendre à chacune de ses sorties. Samedi, il a assimilé l’ex-rébellion à une entreprise désespérée de chômeurs en quête de travail.

« Donnez-nous des cartes d’identité et le désarmement sera un jeu d’enfants ».

Ça, c’était le Guillaume Soro, secrétaire général des Forces Nouvelles.

Ce slogan avait fini par lui coller à la peau.

Mais c’était avant qu’il n’accède au perchoir de la Primature.

9 mois qu’il a quitté son quartier général de Bouaké pour la maison blanche du plateau, à Abidjan, le leader de l’ex-rébellion ne prononce plus un seul mot que pour mieux abandonner ses convictions idéologiques initiales.

« Donnez-nous du travail et le désarmement sera un jeu d’enfants », a-t-il requis hier au chef de l’Etat Laurent Gbagbo, son nouvel employeur.

Toute la différence est dans l’évolution du discours.

D’une rébellion qui a pris les armes pour restaurer la démocratie, mettre fin à l’injustice et à la discrimination identitaire entre les citoyens ivoiriens, d’une rébellion sensée combattre la corruption et instaurer un « nouvel ordre politique et économique », l’insurrection armée du 19 septembre 2002 ne serait désormais qu’une aventure de gens en mal d’emplois, aux yeux de Guillaume Soro, le Premier ministre.

« Monsieur le Président, ceux qui détiennent les armes, ce n’est pas particulièrement parce qu’ils les aiment, mais parce qu’ils n’ont pas autre chose à faire.

Et l’arme est devenue comme un moyen de subsistance, de survie pour eux.

Donnons-leur du travail et vous verrez que le désarmement sera un jeu d’enfant », a-t-il dit samedi à Tiébissou.
Il est vrai que les scènes rodéo auxquelles se sont livrées 150 soldats à Bouaké, le mardi 18 décembre dernier, a mis en lumière les conditions de misère des éléments des Forces Armées des Forces Nouvelles (Fafn).

De là à conclure que les anciens soldats de l’armée ivoirienne, poussés en exil par la junte militaire du Général Guéi, et qui se sont retrouvés en exil avant les élections calamiteuses d’octobre 2000, ont pris les armes pour réclamer du travail Guillaume Soro réussi le grand écart.

« Il est, rappelait-il en janvier 2005, de notoriété publique, que la crise est partie des élections mal organisées d’octobre 2000, qui ont vu l’auto-proclamation du régime minoritaire et répressif à la tête de l’Etat ».

« Confrontés à la gestion antidémocratique, tribale et xénophobe des nouveaux promus, des Ivoiriens épris de paix et de justice et mus par la volonté inébranlable de changer l’ordre des choses ont dû prendre les armes », justifiait-il.

En réduisant aujourd’hui les soldats de ses zones à des militaires qui n’attendent plus que son gouvernement leur offre du travail pour regagner les rangs des Fanci ou de la vie civile, Guillaume Soro apporte de l’eau au moulin des « patriotes ».

Le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly et le président du conseil économique et social, Laurent Dona Fologo, notamment, n’ont eu de cesse de dénoncer « une prise en otage du nord » par « des bandes de pilleurs ».

Avec la cérémonie de Tiébissou, samedi, ce sont les thèses revendicatrices de la rébellion qui s’écroulent , qui sont donc déchirés, en plus de la levée physique des fronts.

Themes: Acquisition of nationality, Identity Documents, Nationality and Elections
Regions: West Africa, Côte d'Ivoire
Year: 2007