Le pastoralisme transfrontalier et le droit à la nationalité : quelles perspectives en Afrique de l’Ouest ?
Published: 23/Mar/2023
Source: African Sociological Review
Par Abdou Khadre Diop
African Sociological Review, Vol. 26 No. 2 (2022)
Abstract
La question du droit à la nationalité, décrit pat Hannah Arendt comme « le droit d’avoir des droits », comme celle de l’éradication de l’apatridie, reste une préoccupation internationale. Des conventions ont été adoptées au niveau mondial à cet effet. Néanmoins, un problème spécifique se pose en Afrique, avec tant d’acuité qu’il nécessite « un regard africain » : le pastoralisme transfrontalier en lien avec le droit à la nationalité. Le pastoralisme nomade ou l’élevage transhumant représente un mode de vie et des moyens de subsistance pour des millions de personnes en Afrique de l’Ouest. Il réunit en grande partie plusieurs groupes ethniques historiquement liés au pastoralisme, en particulier les Touaregs (Berbères/Amazigh) et les Peuls, y compris les sous-groupes peuls tels que les Mborobo. Bien que certains éleveurs soient sédentaires, semi sédentaires, ou ne se déplacent qu’entre deux pôles de migration en fonction des saisons (transhumance), d’autres n’ont pas de lieu fixe et se déplacent librement sur le long terme, en fonction de variations climatiques et d’autres priorités. Les tentatives visant à encourager les éleveurs nomades à s’établir ou à se soumettre à l’autorité d’une organisation politique centralisée ont créé des tensions au cours des périodes coloniales et postcoloniales. Cet article vise à analyser le cadre juridique applicable aux groupes pastoraux afin de protèger leur droit fondamental à la nationalité en contexte de mobilité permanente.
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The issue of the right to nationality, described by Hannah Arendt as “the right to have rights”, and the eradication of statelessness remains of international concern. Conventions have been adopted and signed in this regard. However, a specific issue is at stake in Africa and requires “an African gaze”: cross-border pastoralism related to the right to nationality. Nomadic pastoralism and migratory stock farming are a production system of livelihood and a way of life for millions of people in West Africa. This mobility with livestock herds in search of water and pasture may take place within national territories or cross borders. It gathers several ethnic groups historically associated with pastoralism, in particular the Tuareg (Berber/Amazigh) and the Fulani, including Fulani subgroups such as the Mborobo. The arbitrary drawing of West African borders has imposed a legal barrier to pastoralist groups, and the postcolonial state has accentuated this disruption. Attempts to encourage nomadic or transhumant pastoralists to settle or acknowledge a centralized political authority has created tensions during colonial and postcolonial eras. This paper seeks to demonstrate that our legal framework and public policy are irrelevant: we should rebuild basic paradigms and reverse the Eurocentric vision of law to adapt legal framework and public policies to the needs of pastoralist communities, to empower them, to reduce their vulnerability and to facilitate their permanent mobility.
Lire au site de la revue: https://journals.codesria.org/index.php/asr/article/view/3989