Le Soudan, un havre inespéré pour les réfugiés syriens
Published: 9/Avr/2019
Source: Orient XXI (Paris)
Migrations, un horizon qui se dérobe · La guerre en Syrie a créé une vague de réfugiés sans précédent. La plupart des pays leur ont fermé les portes, à l’exception du Liban, de la Turquie et de la Jordanie. Mais un certain nombre d’entre eux ont trouvé un havre au Soudan, pourtant un pays pauvre et déchiré. La chute du président Omar Al-Bachir pourrait menacer leur situation.
D’abord ça a été l’Égypte à l’été 2013, puis la Jordanie et le Liban en 2014 et au début de 2015, et finalement la Turquie une année plus tard. Même l’Algérie, un pays qui s’était engagé à conserver une attitude bienveillante à l’égard de ceux qui fuyaient la guerre a fermé ses portes aux Syriens. Les uns après les autres, les pays fermaient leurs points de passage aux frontières et imposaient des restrictions de visas interdisant de fait aux Syriens d’entrer sur leur territoire. En quelques années, presque tous les pays voisins avaient fermé leur porte aux réfugiés de Syrie.
À l’exception d’un seul. Le Soudan, grande nation africaine formant un pont entre le nord arabophone et le sud subsaharien riche de sa diversité linguistique, avait pris une décision : il ne limiterait pas l’entrée des Syriens. Les frontières resteraient ouvertes et les nationaux syriens auraient la possibilité de rester autant qu’il leur plairait. À ce jour, la situation n’a pas changé : le Soudan est l’un des rares pays où l’on peut accéder avec un passeport syrien. « Toutes les autres portes nous ont été fermées. Une plaisanterie court : on ne peut aller qu’aux cieux avec un passeport syrien », avance Rawan, une femme de Damas d’une trentaine d’années qui ne souhaite donner que son prénom.
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Accéder à la nationalité
L’un de ses concitoyens, Hay, est âgé d’une cinquantaine d’années. Il dirige un restaurant syrien à succès dans le centre de Khartoum. Son chiffre d’affaires total est tombé de 12 000 (10 600) à 3 000 dollars (2644 euros) par mois depuis le début de la crise. « L’argent n’arrive plus. J’attends de voir ce qui va se passer. Si les choses ne s’améliorent pas, j’essaierais de m’installer dans les Émirats », indique-t-il.
S’il peut envisager le Golfe comme une option, c’est parce que lui et sa famille ont la nationalité soudanaise depuis quelque deux années. Le précédent gouvernement avait donné la possibilité aux Syriens de demander la nationalité soudanaise dès qu’ils pouvaient attester d’une présence de six mois dans le pays. Selon un article de CNN en arabe, 4 000 personnes se sont vu accorder la nationalité en 2016 ; ce chiffre est donc probablement plus élevé aujourd’hui. « Mon ami a obtenu son passeport en 2018. Il portait le numéro 10.000 ou quelque chose comme ça. Ce qui veut dire qu’au moins 10.000 personnes ont obtenu la nationalité soudanaise », indique le jeune homme venu de Syrie.
Pour la plupart des gens, une raison a expliqué leur demande de passeport soudanais : ce document ouvre des portes, pas en grand nombre, mais au moins c’est toujours plus que ce que permet le passeport syrien. Il est relativement simple pour les citoyens soudanais de vivre et de travailler dans le Golfe, chose qui était devenue quasiment impossible pour les Syriens quand la guerre a éclaté.
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