Burkina Faso: Romuald Likibi, écrivain: « Les apatrides sont victimes d’une double injustice »
Published: 25/Août/2014
Source: Sidwaya (Burkina Faso)
Romuald Likibi, docteur en sciences politiques à la faculté de droit de l’université Nancy II en France s’est engagé à travers l’écriture à promouvoir les droits humains. Sa dernière parution parle de l’apatridie.
DANS cette interview ACCORDÉE à Sidwaya l’écrivain explique le contenu de son ouvrage « Le droit de l’apatridie, pratiques et controverses ». Il évoque également le manque de volonté politique au niveau mondial mais surtout chez les décideurs africains à endiguer ce mal déshumanisant sans omettre de proposer des pistes de solution.
Sidwaya (S) : Vous êtes écrivain, combien d’ouvrages avez-vous écrit ?
Romuald LIKIBI (R.L) : Ma dernière parution est d’août 2013: « Le droit de l’apatridie, pratiques et controverses », Paris, Publibook, 420 pages, avec une préface du professeur Vincent Tchen auteur du Code commenté du droit des étrangers (CESEDA) 2013. Aussi en avril 2012, j’ai publié « La charte africaine pour la démocratie, les élections et la gouvernance : analyse & commentaires », Paris, Publibook, 424 pages. La préface est de Philippe Hugon, Professeur Emérite, Université Paris-Ouest Nanterre. Et « L’Union africaine face à la problématique migratoire », Paris, l’harmattan, 2010, 419 pages, préfacé par C. Wihtol de Wendel (CERI).
S : Quels sont vos thèmes de prédilection abordés dans vos ouvrages ?
R.L: La construction de la démocratie en Afrique. Le sujet de mon doctorat a porté sur « Le rôle de l’O.N.U dans la construction démocratiques des Etats en Afrique noire : l’ingénierie démocratique ». Une thèse soutenue avec la mention très honorable. Je suis également intéressé par le droit des migrants (droit d’asile, droit des étrangers, …).
S : Votre dernière publication parle de l’apatridie, quelle est la substance de ce document ?
R.L : C’est une analyse approfondie de l’apatridie. Depuis ses causes ainsi que les solutions proposées par les différents échelons. C’est-à-dire a l’échelle mondiale, régionale, et nationale à travers l’exemple français.
S : « Le droit de l’apatridie, pratiques et controverses », pourquoi ce titre ?
R.L : Les pratiques ne sont pas les mêmes entre les Etats qui ont mis en place des procédures de détermination du statut d’apatride. Les controverses sont nombreuses entre autres. Des Etats signataires des conventions y relatives mais qui d’une part refusent de mettre en place des mécanismes de détermination du statut, d’autre part, ne veulent pas faire une cartographie réelle dudit phénomène sur leur territoire. De nombreuses associations intervenant dans le domaine des droits des migrants ne s’intéressent pas véritablement à la problématique de l’apatridie. Aussi curieux que cela puisse paraître. Comme vous pouvez vous en rendre compte les sujets de controverses ne manquent pas.
S : Pourquoi un ouvrage sur l’apatridie, qu’est-ce qui vous a motivé ? En avez-vous été victime ?
R.L : Non, je ne suis pas concerné par cette problématique. Je travaille dans le domaine du droit d’asile en France. Ce sont des questions que je connais parfaitement. Le demandeur d’asile a un statut (des droits et obligations) en France et dans l’Union Européenne et toute sa procédure est parcimonieusement définie. Or dans de nombreux pays au monde, rien n’est réellement prévu pour le demandeur du statut d’apatridie. Je rappelle que l’apatridie fait l’objet, au niveau mondial de deux conventions qui ne sont que très rarement exécutées. Ce n’est pas normal qu’une personne en quête de protection internationale ne puisse pas disposer d’un minimum de droits durant toute la période d’examen de sa demande. C’est notamment cette forme de double injustice, dans la mesure où l’apatride est déjà victime de déni de droit notamment à la nationalité dans son pays d’origine, qui m’a permis d’approfondir la réflexion sur cette thématique.
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