500 millions de fantômes: comment coopérer avec l’Afrique?
Published: 15/Feb/2019
Source: La Libre Afrique (Belgique)
Par François Misser
L’UE et ses partenaires africains discutent de l’avenir de leur coopération après 2020. En partie dans le brouillard: l’Afrique compte en effet 500 millions de personnes sans existence juridique.
Comment faire des prévisions économiques ou mener des actions de partenariat avec un continent où 41% de la population n’a pas d’existence juridique faute d’état-civil fiable ? La question émerge, après la présentation des problèmes d’identification en Afrique par le consultant béninois André Franck Ahoyo, lors d’un Forum organisé le 6 février au Sénat belge par l’Institut euro-africain de droit économique sur les partenariats euro-africains et la Chambre de commerce Belgique-Luxembopurg-pays ACP (CBL-ACP).
Selon l’UNICEF, rappelle M Ahoyo, 95 millions d’enfants « fantômes » n’ont pas été enregistrés à leur naissance en Afrique subsaharienne. Soit moins d’une naissance sur deux. Selon la Banque Mondiale, sur le milliard de personnes dans le monde incapables de justifier de leur identité, plus de 500 de millions vivent en Afrique, soit 41% de sa population (1,2 milliard). Les pays les plus touchés sont l’Éthiopie, la République démocratique du Congo et la Tanzanie. Au Congo, la naissance d’un enfant de moins d’un an n’est déclarée que dans un cas sur cinq. Et le fait d’être enregistré n’implique même pas la possession d’un acte de naissance, souvent monnayé au prix fort.