RDC: Congo Siasa – la discrimination et la rébellion du M23
Published: 24/Jan/2023
Source: Congo Research Group
Par Jason Stearns
Depuis la réapparition de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) en novembre 2021, la discrimination à l’encontre des Tutsi congolais et son rôle dans la violence ont fait beaucoup de bruit – appeler cela une discussion serait exagérer sa nuance et sa sophistication. Au cœur de ce débat se trouvent des questions cruciales pour la démocratie et la stabilité du Congo.
D’un côté, il y a ceux qui affirment que la crise a été causée par la discrimination contre les Tutsi congolais. C’est l’argument avancé par le chercheur Félix Ndahinda de l’Institut Clingendael et le Journal of Genocide Research qui soutient que les discours de haine amplifiés par les médias sociaux sont un « moteur clé » de la crise actuelle, et que les manifestants auraient tué et même dévoré les Tutsi. De même, le 26 octobre 2022, Robert Kayinamura, représentant permanent adjoint du Rwanda auprès des Nations unies, a reproché au Conseil de sécurité de ne pas se concentrer sur les « causes profondes » du conflit dans le pays, citant en particulier la xénophobie et la présence de longue date des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans l’est du Congo. Le New Times, journal très proche du gouvernement rwandais, a publié plus d’une douzaine d’articles au cours de l’année écoulée dénonçant les discours de haine et de discrimination à l’encontre des Tutsi congolais, et a relayé des alertes au génocide lancés par le M23. Le président rwandais Paul Kagame, dans son message du nouvel an – qui portait presque entièrement sur le Congo – s’est exprimé en des termes similaires :
« La raison pour laquelle ce [conflit] prévaut est que la RDC ne veut ou ne peut pas gouverner son territoire. Le Rwanda devrait-il être le seul à supporter les dysfonctionnements de cet immense pays ? La situation des réfugiés congolais, dont le droit même à la nationalité est refusé par leur pays d’origine, en est un exemple. Il ne s’agit pas seulement d’un « discours de haine« , mais d’une persécution active, depuis des décennies.»
De l’autre côté, de nombreux responsables congolais rejettent les allégations de discrimination. Le président Félix Tshisekedi a fulminé que « l’ennemi a toujours joué à la victimisation pour en faire un fonds de commerce », et a rencontré les communautés congolaises tutsi et hutu pour les rassurer que le gouvernement protégera leurs droits. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, a récemment déclaré que les accusations de discours de haine sont une « fiction » : « On ne peut pas venir nous inventer des discours de “génocide” alors que nous n’avons rien qui nous prédispose à un tel contexte. »
Quelle est la vérité sur ce sujet ? Il y a deux idées trompeuses que j’aborderai ici, souvent mentionnées par l’un ou l’autre côté de ce débat.
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