Présidentielles en Mauritanie: la sortie ratée d’un Général

Published: 29/Juin/2019
Source: Financial Afrik (Nouakchott/Dakar)

Il avait pris la Somalie et pensait rendre le Botswana. Ce slogan du président Mohamed Abdel Aziz s’est évanoui dans les fumées et les lacrymogènes des manifestations post-électorales qui secouent le pays depuis le 22 juin 2019. Le scrutin qualifié jusque-là de normal a soudain tourné aux émeutes, à la coupure totale du réseau internet, au brouillage de la téléphonie mobile et à un maintien de l’ordre particulièrement musclé.

La vitrine démocratique et sécuritaire que le pays s’était construit depuis dix ans a volé aux éclats dans une ambiance d’arrestations d’opposants, de journalistes et de manifestants. Des déclarations particulièrement musclées du ministère de l’Intérieur concernant la nationalité étrangère des manifestants ont replongé la Mauritanie plusieurs décennies en arrière, en 1989, quand Djibril Ould Abdallahi né Gabriel Cymper, alors ministre de l’Intérieur, traitait les populations de la vallée d’étrangers.

L’on pensait la Mauritanie exorcisée de ses vieux démons du racisme anti-noir vis à vis de sa population négro-africaine représentée durant ses dernières élections par le candidat Kane Hamidou Baba, arrivé quatrième avec un 8% vertement contesté par ses partisans. L’on redécouvre dès les premières effarouchées, le poids intact des préjugés et le refus des identités multiples d’un pays qui évolue dans un climat de finalement ni paix ni guerre depuis les grandes déportations et exactions allant de 1989 à 1991 que d’aucuns organismes qualifient de génocide.

Ne parlant pas Hassaniya (dialecte proche de l’arabe parlé en Mauritanie), Kane Hamidou Baba et ses partisans incarnent cette Mauritanie des citoyens de seconde zone, fortement attachés à l’Afrique de l’Ouest à la fois par la culture, les langues (peul, wolof, soninké et français) que par la géographie. C’est dans cette communauté marginalisée par une politique d’arabisation engagée depuis l’indépendance, mais aussi dans celle des Haratines (hassanophone), que se recrutaient les manifestants qui ont pendant quatre jours, du 22 au 26 juin, ébranlé le pays. Nouakchott s’en est fortement ressentie. Ces manifestations montrent à tout le moins une chose: le président sortant laisse une poudrière entre les mains de son successeur.

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Themes: Nationalité des politiciens, Nationalité et élections, Inscription aux listes électorales, Naturalisation et le mariage
Regions: Mauritanie
Year: 2019