Libye: Des dizaines de familles risquent de se retrouver a la rue
Published: 31/Mar/2010
Source: Amnesty International
Des dizaines de familles d’origine tabou vivant dans la municipalité d’Al Kufrah, dans le sud-est de la Libye, auraient été expulsées de force et auraient vu leurs maisons démolies par des responsables de l’application des lois. Un grand nombre d’entre elles a besoin d’un abri de toute urgence. On s’attend à ce que d’autres expulsions forcées et démolitions aient lieu.
Des membres armés des forces de l’ordre, assistés par des conducteurs de bulldozers et de camions de pompiers, procèdent à ces expulsions et à ces démolitions depuis ces cinq derniers mois dans des zones où sont supposées vivre de très nombreuses familles d’origine tabou. Selon des informations recueillies par Amnesty International, certaines familles n’auraient eu que quelques minutes pour quitter leur maison, tandis que d’autres auraient appris la veille que la leur serait démolie, lorsque le bâtiment a été marqué d’une croix. Les personnes qui ont résisté semblent avoir été frappées avec des bâtons par des agents de sécurité ou ont vu des pompiers diriger leurs lances à incendie dans leur direction. Dans certains cas, les forces de l’ordre auraient détruit le mobilier à l’intérieur des maisons.
Des familles ont déclaré à Amnesty International que les personnes expulsées n’avaient pas été consultées à propos de ces expulsions et qu’aucune solution de relogement ne leur avait été proposée. D’après les informations dont dispose Amnesty International, des personnalités de la communauté tabou auraient été contactées en juin 2009 par des responsables locaux qui leur auraient parlé de projets de démolitions sans leur fournir de détails sur la date à laquelle ces projets seraient mis en œuvre ni sur le nombre de logements concernés. Selon ces responsables, il s’agit de faire de la place pour une route. Quand les personnalités de la communauté ont protesté, les responsables locaux leur auraient répondu qu’ils ne faisaient qu’appliquer les instructions venues « d’en haut ». Plusieurs familles dont les maisons ont été démolies n’ont pas trouvé de solution pour se reloger et ont été obligées de vivre dans les décombres de leur maison sans le moindre abri. Selon certains membres de la communauté, elles auraient été chassées par les forces de sécurité avant de trouver refuge dans des fermes ou des lieux publics. Amnesty International craint que d’autres expulsions n’aient lieu. Cette crainte s’appuie sur une lettre dont l’organisation a reçu une copie. Datée du 3 novembre 2009, elle a été rédigée par le responsable du bureau chargé de la mise en place des infrastructures et des projets de logement, situé à Al Kufrah. Cette lettre avait été envoyée au directeur de la Sécurité publique d’Al Kufrah et ordonnait la démolition de 730 « logements insalubres » dans trois quartiers dont les résidents sont principalement d’origine tabou. Aucune solution de relogement ou d’hébergement d’urgence n’était proposée.
Télécharger du site web d’Amnesty International ici.