Migration et nationalité à Madagascar
Published: 1/Dec/2015
Source: Friedrich Ebert Stiftung
Par Lova Rabary-Rakotondravony & Hery Andry Rakotonanahary
Introduction
Les Malgaches, dit-on toujours, ont le sens de l’hospitalité. Mais autant les étrangers de passage, qui viennent pour des visites touristiques de quelques semaines à quelques mois, sont-ils souvent accueillis avec des sourires, au point d’avoir envie de revenir, ceux qui viennent s’établir définitivement ou pour un séjour plus long, peuvent parfois finir par être mis au ban de la société. Et même s’ils réussissent plus ou moins à s’intégrer au sein de la société dans laquelle ils vivent au quotidien, ils sont toujours considérés comme des étrangers. Si l’on ne peut qu’adhérer au discours officiel des autorités malgaches qui soutient que « les étrangers de passage à Madagascar ou résidents ne sont pas exposés à des actes de xénophobie manifestés individuellement ou collectivement à travers des gestes, des paroles ou des actes de violences à caractère xénophobe », l’on ne peut cependant nier certains actes et faits discriminatoires à l’endroit de ces étrangers. C’est ainsi qu’aujourd’hui, des communautés établies dans la Grande île depuis plus d’un siècle comptent toujours parmi leurs membres des apatrides, des individus sans nationalité, en raison d’une loi discriminatoire sur la nationalité.
Madagascar fût pourtant, à une époque de son histoire, une destination d’immigration. La Grande île n’apparaît certes pas aujourd’hui comme un pays concerné par le phénomène de migrations internationales (Catherine Fournet-Guérin parle d’une « île immobile » où les immigrations et émigrations sont inférieures à 5% de la population totale). Mais son peuplement s’est fait par vagues migratoires, et son histoire ne peut être séparée de l’émigration forcée dont ont fait l’objet certains esclaves au XVIIIème siècle. Aujourd’hui, de plus en plus de candidats à l’immigration souhaitent aussi s’établir à Madagascar, tandis que de nombreux Malgaches commencent à s’établir à l’étranger, de manière plus ou moins durable.
Madagascar, dans le mouvement actuel des occupants de la Planète, est-il prêt à accueillir davantage de migrants ? Quelle place accorder à ces fils et petits-fils d’immigrés dont la place dans l’économie du pays n’est pas à négliger ? La Grande île est-elle prête à laisser partir et s’enfuir ses enfants ? Quelle politique de migration pour Madagascar ? Autant de questions auxquelles nous devons répondre d’urgence. Le monde bouge, et nous devons être présents sur cette Planète migratoire : poser nos conditions et tirer parti de la mobilité mondiale, et non subir ce qui aujourd’hui ne peut plus être évité.
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